Tu sais ces phases toutes faites dont on dit qu'elles sont ridicules et qu'elles devraient être réservées à Gérard et Jean-Mi autour du comptoir du Café de la mairie ? Tu sais ces clichés qui persistent ? Tu sais Sylvie, la copine de ta grand-mère qui t'a suggéré alors que tu venais d'accoucher, de « profiter parce que ça passe vite » ? Tu sais, lorsque Sylvie a fini cette phrase et que tu as ri en pensant que les « vieux » disent toujours ça ?
Tu sais quoi ? Ils avaient raison tous ces gens, ces clichés, ces phrases toutes faites.
Tu sais quoi : le temps passe vite. J'veux dire VRAIMENT vite. Hier encore j'avais 20 ans, je caressais le temps et jouais de la vie…Hier encore j'avais des nourrissons qui tenaient dans la paume de ma main.
Hier encore mes 3 enfants étaient petits, ils me demandaient leurs tétines, leurs doudous, riaient d'une chatouille, s'amusaient du mot « caca », rêvaient de devenir pompiers ou pom-pom girl. Hier encore je regardais leurs petits doigtes boudinés serrer fort mon index, j'admirais leur candeur, j'enviais leurs nuits dans des lits minuscules, je hachais les légumes avec minutie, je notais leurs premiers mots, je jouais avec leurs boucles de bébé entre mes doigts, je tentais de m'imaginer la tête qu'ils auraient quand ils atteindraient leur 18 mois, je pariais sur l'âge de leurs premiers pas, je me bagarrais avec le lit parapluie ou sa cousine la poussette, je les appelais mes bébés.
Mais voilà le temps passe vite comme diraient Sylvie, Gérard et Jean-Mi.
Mais voilà, cet après-midi sur la plage normande où je les ai emmenés, je les regardais courir tous les trois vers la mer, s'éloignant de leur mère, et j'ai eu un sentiment étrange de joie mêlée à de la nostalgie. Ils grandissent.
« On ne peut donner que 2 choses à ses enfants : des racines et des ailes » dit le proverbe juif.