Forcément les attentats d'ici ou de là résonnent dans les têtes de nos enfants. Forcément on ne peut pas leur cacher s'ils ont plus de 5,6 ans et forcément ça les effraie.
Vendredi, ma fille a bombé fièrement son torse d'enfant de 8 ans avant de s'exclamer « C'est fini maintenant ils ont attrapé le méchant, on va enfin être tranquilles ».
J'ai hoché la tête et d'un oui muet, j'ai souri. Je pense qu'elle y a cru, qu'elle s'est dit à cet instant là que les méchants étaient neutralisés et que, comme dans les contes que je lui raconte, les gentils avaient triomphé.
Le problème c'est que le lendemain en Turquie les « méchants » ont remis ça et que hier, le 22 mars, à Bruxelles, pas loin de chez nous, 3 attentats ont fait des dizaines de morts.
Bruxelles on y était il n'y a pas longtemps. Pour y voir le musée Magritte, y manger des moules et des frites, regarder le zizi du Manneken Pis, dévorer des spéculos et penser fort à Brel qu'on adore. Alors forcément Bruxelles ça leur parle.
Hier soir donc, c'est moi qui ai bombé mon torse pour répondre aux questions de mes 2 grands. « Mais maman en fait c'est quand la fin de tous les terroristes ? ». J'ai hésité, bafouillé, tenté un « allez à taaaaaaable » mais rien n'y a fait. Ils sont malins les gosses « Bon maman arrête de changer de sujet, on sera débarrassés d'eux un jour ? ». J'ai promis que oui…un jour mais comment faire des promesses que l'on ne peut pas tenir. J'ai tenté à nouveau un « l'amour est plus fort que tout » mais mon grand a soufflé avant de dire bien fort « faut les tuer tous, on n'est pas dans un conte maman ».
Alors on fait quoi ? On fait comment ? On leur dit quoi ? On vit comment ?
Je me refuse d'arrêter de sortir, de prendre le métro, l'avion le train, aller au cinéma, au concert, au théâtre. Je me refuse de suivre l'adage « pour vivre heureux vivons cachés ». Je me refuse à faire grandir mes enfants dans ce climat de peur. Je me refuse à céder à la mort parce que je suis du côté de la vie follement, intensément, déraisonnablement.
Mais il faut l'avouer, on vit un peu en retenant notre souffle ces temps ci. « Jusqu'à quand maman, jusqu'à quand ? »