Parce que c'est octobre rose, parce que le témoignage de Marine est important et que cette femme est géniale, j'ai voulu mettre en lumière sa maladie et lui dire qu'on pense bien à elle et que oui, tout va bien se passer.
(et si on veut l'aider avec les frais de dépassement des honoraires c'est ici)
Marine, qui es tu ? Parle-nous, de toi, de ta vie, de ton métier?
J'ai 36 ans et je suis une jeune maman d'un petit garçon de 9 mois. Je suis de caractère jovial. J'aime passer du temps entouré de ma famille, mes amis, rire, apprécier les bons moments. Ma devise c'est Carpe diem !
Avant ma grossesse, j'étais assistante personnelle pour une famille Monégasque et le rythme de travail était intense. je me donnais à fond dans mes missions. J'organisais des réceptions, des voyages et des événements, je m'occupais aussi bien de réserver un hélicoptère biturbine que de gérer l'organisation d'un anniversaire pour 100 personnes !
Mon petit garçon est issu d'une FIV, j'ai donc dû arrêter de travailler pour mettre toutes les chances de notre côté. Cela a fonctionné dès le premier essai. Dès lors, j'ai pris soin de mon bébé Ulysse tout au long de ma grossesse difficile puisque j'étais la plupart du temps alitée. Il était bien au chaud dans mon ventre et je me sentais pleinement heureuse. Invincible.
– Tu es maman depuis un an, raconte-nous comment s'est passé l'accouchement et la rencontre avec bébé ?
Mon petit garçon a été la plus belle rencontre de ma vie. Malgré mon accouchement un peu compliqué car bébé était trop grand (53 cm pour 3kg800), j'ai donc dû subir une césarienne en urgence. Mon mari qui était à mes côtés, est parti s'occuper du bébé avec l'infirmière pendant que l'on me recousait Quelques instants plus tard, j'ai fait la connaissance de mon adorable bébé Ulysse. Cela a été une rencontre pleine d'émotion, Romain m'a tendu Ulysse qui s'est blotti tout contre moi. Je me suis sentie à la fois forte et galvanisée d'un amour incommensurable. Notre belle aventure à trois a commencé.
– Après l'accouchement, tu découvres que tu es atteinte d'un cancer, comment apprends-tu la nouvelle ? Comment réagis-tu ? Quel âge a ton bébé à ce moment-là?
Lorsque j'apprends la nouvelle le 16 Mai 2022, je suis dans le bureau de mon gynécologue avec mon mari et mon fils. Nous étions si fiers de lui présenter notre petit Ulysse.
J'avais subi 10 jours auparavant une ponction mammaire suite à la découverte par l'autopalpation d'une masse dans ma poitrine, nous venions donc récupérer les résultats de façon tout à fait sereine, car à ce stade pour mon médecin ainsi que pour l'échographe, il s'agissait d'un fibroadénome bénin de 2 cm.
Le médecin m'annonce alors la nouvelle fracassante, en nous précisant de faire au plus vite pour recevoir la première séance de chimiothérapie. Je suis pétrifiée sur ma chaise. C'est un cauchemar. Je n'y crois pas. Ce n'est pas possible. Pas maintenant avec Ulysse si petit. Je n'entends plus rien. Je ne comprends pas tout ce qu'on me dit. Un courant glacial me traverse le corps. Je suis tétanisée. Et pourtant au vu de sa réaction je comprends que c'est grave, très agressif. Qu »il faut aller vite. Le regard de mon mari se décompose. Nous venions juste de fêter les 4 mois d'Ulysse…
– Quel est ce cancer ? Comment se manifeste t il ?
Je suis atteinte d'un cancer du sein avec une tumeur dite « triple négative », qui peut dans mon cas être une maladie post-partum suite à la chute brutale d'hormones.
C'est une des tumeurs les plus difficiles à diagnostiquer à cause de plusieurs facteurs. Déjà la plupart des femmes touchées ont une trentaine d'années alors que les contrôles de mammographie obligatoires ne se font qu'à partir de 50 ans. Mais aussi l'aspect de cette tumeur à l'échographie semble souvent être bénigne et passe inaperçue dans bien des cas si les investigations ne sont pas plus poussées.
Dans mon cas, sans l'examen de ponction que mon gynécologue a exigé par précaution, (je lui dois tout), j'aurais pu rester des mois avec cette bombe à retardement dans mon corps… Lorsque la tumeur devient très grosse et de forme suspecte, le cancer a malheureusement souvent métastasé, ce qui n'est pas mon cas grâce à la prise en charge rapide.
– En avais-tu déjà entendu parler ?
Je n'avais jamais entendu parler de ce type de tumeur et de la cause probable. C'est pourquoi je témoigne aujourd'hui. Plus j'en parle autour de moi, plus je me rends compte qu'il y a une recrudescence de ce type de cancer. Et pourtant personne n'en parle. Pour quelle raison ? Je ne me l'explique pas.
– En as-tu parlé à ton bébé ?
Nous vivons une vie la plus normale possible pour que notre fils ne s'inquiète pas. Je lui parle naturellement des choses. Après les séances de chimio, je lui dis « Maman est très fatiguée, elle va faire un gros dodo et après on fera tous les deux un gros câlin ! ». Mon bébé sent lorsque je ne suis pas bien mais Romain, son père, le rassure pleinement. Nous essayons de rester sereins. L'important est qu'il ressente ma joie d'être avec lui, et mon bien être en famille. Pour cela je n'ai pas à me forcer, lorsque mon fils apparaît je ne suis que sourire ! La lumière vient de lui.
– Quel est le traitement ? Quelle est sa durée ?
Je reçois un traitement novateur, qui est composé de chimiothérapie et d'immunothérapie, qui s'étale sur 6 mois.
J'ai reçu une cure de 12 séances hebdomadaires qui s'étalait sur 3 mois qui est terminée. J'en suis à la deuxième étape qui consiste à recevoir toutes les 3 semaines 1 séance. Il m'en reste 2, j'en suis à la moitié. Puis viendra la mastectomie des deux seins, recommandée par les médecins pour éviter toute récidive et par la suite encore des séances de radiothérapie.
– En dehors de l'annonce, quel a été ton pire moment ?
Le jour où Romain a dû me raser la tête car je perdais tous mes cheveux. Au-delà du fait que ce soit difficile pour une femme, j'avais surtout très peur qu'Ulysse ne me reconnaisse pas. Il n'était âgé que de 6 mois.
Je me souviens sortir de la salle de bain le crâne nu. Je me suis dirigée tout droit vers lui en lui parlant tout en douceur. Il lui a fallu une fraction de seconde pour qu'il me reconnaisse. J'ai lu dans ses yeux une interrogation, il a écouté ma voix puis il a éclaté de rire, car je faisais, comme à mon habitude, des mimiques pour le faire rire. Et voilà l'étape était franchie pour mon plus grand soulagement.
– Comment gère-t-on un bébé lorsque soi-même on est malade ?
Je suis beaucoup aidée par mon mari qui est un père extraordinaire. Il est mon pilier. Mes beaux-parents sont aussi bien présents. Et le reste du temps, lorsque les effets de la chimiothérapie sont passés ou atténués, je reprends ma vie de maman. Je m'extasie chaque jour des progrès que fait mon fils. Chaque jour avec Ulysse m'apporte de nouvelles joies. Il y a quelques jours, alors que j'avais peine à me remettre de la séance de chimio plus éprouvante que d'habitude, quelle ne fut pas ma joie de découvrir Ulysse, à son réveil, me tendre les bras et dire son premier mot « Mamama ». J'ai ressenti quelque chose que seule une maman peut comprendre. Ulysse a la faculté extraordinaire de me faire oublier que je suis malade !
– Que penser du fait de donner la vie quand on est inquiet pour la sienne ?
J'ai été terrorisée lors de l'annonce. Une fraction de seconde j'ai pensé à cette glaçante idée que mon fils allait grandir sans mère, puis je me suis reprise. Depuis, je combats de toutes mes forces cette épreuve. Lorsqu'on devient maman, il faut déjà prendre confiance en soi pour être à la hauteur. Moi je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir. J'ai dû immédiatement faire face au pire. C'est difficile à imaginer d'avoir peur pour sa vie lorsque l'on vient de donner la vie. On n'a pas le choix, on doit être fort. C'est vital pour lui comme pour moi.
– Y a t'il une cellule psychologique pour t'aider ? Es-tu bien entourée ?
Je n'ai pas de cellule psychologique qui m'aide, mais je suis très bien entourée, et aimée par ma famille, ma belle-famille, ma marraine et sa famille qui est devenue la mienne. Puis il y a toute la famille de cœur comme je les appelle, qui est constituée de mes amis proches, et de leurs parents qui m'épaulent et me soutiennent au quotidien. Je me sens très chanceuse dans ce malheur, j'ai un mari à l'écoute, prévenant, patient, qui m'insuffle de l'optimisme chaque jour de ma vie. Je me sens épaulée. Cette épreuve fait grandir. On ne s'attarde plus qu'à l'essentiel.
– Es-tu prise en charge par la Sécurité Sociale ?
Tous les traitements sont pris en charge, mais en ce qui concerne l'opération que je vais subir prochainement à savoir mastectomie totale des deux seins puis pose de prothèses, l'opération est prise en charge mais pas les dépassements d'honoraires. Il faut compter environ 5 000 euros de reste à charge. J'ai lu que certaines femmes ne subissent pas cette opération par manque de moyens, et j'en suis attristée. On sait pourtant que cela réduit les chances de récidive de 40% .
Nous avons dû mettre en place une cagnotte pour pouvoir faire face à cette dépense.
– Quelle est la prochaine étape ?
C'est l'opération. Puis le résultat de l'analyse qui fera suite au prélèvement et qui déterminera le temps de rayons que je vais devoir recevoir par la suite.
– Dans quel état d'esprit es tu ?
Je suis confiante. J'essaie de vivre au jour le jour et d'apprécier chaque moment. Je vois la lumière au bout du tunnel.
Qu'as tu envie de faire passer comme message ?
J'aimerais que l'on parle ouvertement de cette maladie post-partum pour en informer les jeunes femmes, j'aimerais que l'on se pose la question de la pertinence de dépistages plus jeune par des contrôles de mammographie, j'aimerais que les jeunes mamans « triple négative » deviennent une priorité pour leur permettre d'affronter au mieux la maladie.Je te remercie de m'avoir donné la parole, cela m'aide dans mon combat et me renforce dans mon engagement à aider les jeunes mamans atteintes du cancer du sein.