De la mort et des enfants

J'ai 40 ans, je suis d'une génération bénie où la mort n'était pas omniprésente dans notre quotidien.

La mort c'était vague, c'était un concept lointain, une arrière grand-mère, une volée au repas du où les évoquaient un vieux pote mort mais « très très très vieux ». On ne cherchait pas à en savoir plus, la mort ne faisait pas partie de nos vies d'.

Plus tard vint le SIDA et alors je me souviens avoir compris qu'une maladie pouvait tuer plein de gens, qu'il fallait faire gaffe.

Et puis il y a eu les attentats. Je ne parle pas du 11 septembre, je n'étais pas encore maman.

Je veux parler des attentats de quand j'étais devenue mère, de quand on ne pouvait plus cacher ça à nos enfants. Quand il y a eu Charlie Hebdo, l'Hyper Casher, le Bataclan, Nice, j'avais déjà deux enfants en âge de comprendre, de voir, de lire. On était flippé nous les parents. Parler du danger, des attentats, de la mort est alors devenu banal. Tristement banal.

Le dimanche midi, on parlait de ça, de la mort avec nos enfants de pas encore 10 ans. Ouais, on s'est mis à parler de ça. On a essayé d'esquiver ces conversations, de les rassurer mais que ce soit à l'école, en lisant les une des magazines ou en allumant la télé ou la radio, ce sujet, cette peur au est devenue incontournable.

Et puis maintenant le corona. Depuis 6 semaines. Le confinement, la vie bizarre, les informations affreuses, le nombre de morts qu'on compte comme des allumettes, des gens qu'on aime qui en sont morts. Les 2 ados vivent avec ça, avec cette odeur de mort qui rôde, qui nous poursuit, qui ne semble pas vouloir nous lâcher depuis les attentats. Les petits parlent de la mort avec détachement, comme si tout cela était normal.

Je me dis que nous, la génération post 68, on a été bénis. Que eux vont devoir vivre avec ce fléau, cette crainte de mourir dans un attentat ou d'un virus, ce concept de mort qui finalement est vachement présent. Et c'est dur.

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