Au départ je me suis dit « non c’est rien, un cas isolé, un règlement de comptes, rien de grave. ». Puis, assez vite j’ai pris conscience que en fait, si, c’était l’horreur.
J’ai envoyé des SMS, j’ai prévenu mes proches que tout allait bien, j’ai laissé le vacarme envahir ma tête, j’ai regardé en boucle les infos avec mon mari, j’ai répété inlassablement « mais c’est pas possible, c’est pas possible », j’ai écouté François et Barak dire la même chose mais dans des langues différentes « nous ne céderons pas, nous sommes unis, nous ne nous laisserons pas faire ».
Ensuite j’ai fait un baiser dans les cous endormis et chauds de mes trois enfants comme pour sniffer un peu de bonheur.
Puis vers 3H, j’ai cherché mon sommeil mais j’avais du le poser à côté du porte-manteau de la souffrance.
Samedi matin, Paris s’est éveillé et comme tout le monde, j’ai pensé que tout cela n’était qu’un mauvais rêve parce que ça ne POUVAIT pas être vrai de vrai comme disent les enfants.
Moi je suis amoureuse de Paname et j’ai du expliquer à mes gosses que leur ville, leur pays et leur joie de vivre venait d’être pris en otage par des fous. Mon fils a peur, ma fille a peur, j’ai peur mais il paraît qu’il ne faut pas le dire alors je ne leur dis pas à mes gamins que je flippe, que j’ai pleuré et que le bilan est lourd. Je leur dis d’être forts, de croire en l’Homme et surtout de continuer à sourire, à éclater de rire, à exploser de rire parce que la vie est plus forte que TOUT.
Mais c’que j’ai mal…c’que j’ai mal.
Dimanche matin, mon grand m’a demandé ce qu’on allait devenir. Je lui ai répondu qu’on sera encore plus forts et encore plus libres. Je ne sais pas s’il est convaincu.
Et je lui ai dit que je l’aimais.