Hier je suis allée chercher mes enfants à l'école à 11h40.
Ils sont montés dans la voiture, la radio était allumée sur Europe 1 comme d'habitude. J'ai entendu des mots, mon fils a voulu mettre une autre radio avec des chansons, j'ai dit « non laisse, il se passe quelque chose » sans penser que ce que j'allais entendre je ne voulais pas que eux, mes enfants de 7 et 9 ans l'entendent. Alors nous avons entendu. Alors nous avons écouté. Je n'ai pas pu changer de radio, j'ai voulu savoir de quoi il s'agissait tout de suite. Alors on a compris qu'il y avait du grave. Qu'il y avait des morts. En plein paris. Pas loin. Qu'il y avait des journalistes, des dessinateurs, des policiers, des êtres humains qui avaient été tués.
Puis j'ai changé de radio.
Puis il y a eu un silence au-dessus de Claude François et ses Magnolias.
Mon grand a demandé « qui, quoi, comment, où ? ». J'ai senti sa peur, ses larmes monter en même temps que les miennes, ses inquiétudes proches des miennes.
Ce matin il m'a demandé si on avait retrouvé les tueurs. Il est inquiet. Nous sommes TOUS inquiets. Nous sommes tous Charlie.
J'avais une copine il y a quelques années qui me disait ne jamais vouloir d'enfants pour ne pas leur livrer un monde horrible, pour ne pas qu'ils soient confrontés à la folie humaine, pour ne pas mettre leurs vies en danger. J'ai parfois pensé qu'elle avait raison.
Mais ce matin je crois comme au lendemain de la tuerie de Toulouse, que la vie est plus forte que les barbares, que mes enfants doivent grandir dans l'espoir que l'on peut changer les choses. Comme chez Charlie Hebdo. Pour que les idées ne meurent jamais.
On ne peut malheureusement pas éviter à nos enfants d'être au courant mais nous pouvons, je crois, leur dire que l'Homme est bon. En général.