Leila Slimani est une écrivain de talent. Après le très remarqué Dans le jardin des Ogres paru en 2014, elle revient en cette rentrée littéraire avec Chanson Douce qui est en lice pour les prestigieux prix Goncourt et Renaudot.
J’ai lu ce roman et été bouleversée. L’ écriture de Leila Slimani est percutante et son art de tenir le lecteur en haleine, alors même qu’il connait la fin dès les premières lignes, est magistral.
C’est l’histoire de Paul et Myriam, petit couple gentil et mignon, parents de 2 enfants Mila et Adam. Ils habitent à Paris 18eme. Lorsque Myriam reprend son travail d’avocate, elle cherche et trouve une nounou qui lui a été recommandée, Louise. Louise est formidable. Louise est gentille. Louise s’investit avec les 2 enfants comme s’ils étaient les siens. Mais Louise finira par les tuer.
Même en démarrant son roman par la fin, c’est à dire l’assassinat des 2 enfants, Leila Slimani réussit le tour de force de tenir son lecteur en haleine. La psychologie des personnages est parfaite, la tension prend place au fil des pages pour monter crescendo vers une folie douce. Du grand art.
Elle m’en a dit plus sur sa vie de maman, d’écrivain et de femme.
SERIALCV
Nom Slimani
Prénom Leïla
Age 35 ans
Situation de famille ? Marié, un enfant
Métier ? Ecrivain
Prénom et âge de vos enfants? Un garçon de 5 ans.
SERAILQUESTIONS
Vous avez écrit un livre « Chanson douce » (Gallimard), l’histoire d’une nounou, Louise, qui finit par tuer les enfants dont elle a la garde. Pourquoi ce sujet ? J’ai toujours été fasciné par la relation très étrange, très ambiguë qui se noue avec les nourrices, à la fois de la part des employeurs et de la part des enfants. Quand j’étais petite, nous avions des nounous à la maison et déjà j’étais sensible à la position très difficile de ces femmes qui nous élevaient comme des secondes mères mais qui restaient, invariablement, des étrangères. Et puis j’ai moi même engagé une nounou pour s’occuper de mon fils, et j’ai découvert ce monde de la « garde d’enfant » et son organisation économique et sociologique. J’ai trouvé cela fascinant.
Vous démarrez le livre par la fin c’est à dire les enfants qu’on vient de retrouver morts. C’est très fort pour le lecteur, pourquoi ce choix ? Justement, pour frapper l’esprit du lecteur, pour le harponner. Du coup, le lecteur va être très attentif pendant tout le roman, il va faire attention à des détails qu’on ne voit pas d’habitude, il va se comporter en enquêteur et chercher les racines du drame. Et puis cela permet d’évacuer tout de suite l’idée d’un suspens sordide autour de la mort des enfants. Finir là dessus aurait été horrible et aurait finalement détourné le lecteur du vrai sujet du livre.
L’histoire part de faits réels ? Vous avez parlé, observé des nounous pour vous immiscer avec tant de talent dans la tête de Louise ? Ce sont deux choses différentes. Oui, je me suis documenté et j’ai observé le monde des nounous pour construire le cadre réaliste de mon roman et notamment les scènes de square. Mais la psychologie de Louise, « ce qui est dans sa tête », est beaucoup plus l’objet de mon imagination.
Vous même, vous avez une nounou ? Oui, et c’est une femme extraordinaire, qui prend grand soin des enfants dont elle a la garde.
Qu’est ce qui vous rend le plus fier de vos enfants ? Franchement, mon fils est encore petit et je ne sais pas si la fierté est un sentiment que je ressens par rapport à lui. Je suis heureuse qu’il soit heureux, malicieux. La fierté vient plus tard je crois. Elle se révèle dans l’action, dans le caractère.
Que voulez-vous lui transmettre ? Le goût de la liberté et de la fantaisie. La détestation de la médiocrité, du conformisme, de l’indifférence.
Une journée idéale chez vous, ça se passe comment ? A lire et à écrire.
Dernier mot avant dodo ? Je t’aime.