Pétronille est écrivaine mais elle n’a pas toujours fait ça. Pétronille écrit des romans policiers et elle est douée d’un immense talent. Elle a l’art de faire frissonner, de nousfaire plonger dans un univers policier, de nous étonner, de nous faire peur, de nous emmener sur des chemins où se promènent des meurtriers. Et pourtant, Pétronille est d’une gaieté rare. A l’occasion de la sortie de son 5ème roman “Je pensais t’épargner”, cette maman de 3 enfants nous révèle tout…ou presque.
SERIALCV
Nom : Rostagnat
Prénom : Pétronille
Age : 40 ans
Situation de famille ? Mariée
Métier ? Écrivain
Prénom des enfants ? Côme (11 ans), Augustin (9 ans) et Alexane (5 ans)
Surnoms que tu leur donnes ? Comichounet (il déteste !), Auguste et Choupette !
SERIALQUESTIONS
Tu es écrivaine mais tu n’as pas toujours fait ça, raconte-nous ton parcours.Si j’ai toujours aimé lire et, ce depuis l’adolescence, l’envie d’écrire n’est arrivée que tardivement. Je n’ai pas suivi de cursus littéraire. Après un bac ES, j’ai intégré une école de commerce pour travailler ensuite en tant que Responsable Marketing dans différents groupes internationaux. A la naissance de mon deuxième enfant, et après une première expatriation de 4 ans à Shanghai, j’ai ressenti le besoin de me réaliser dans un projet plus personnel, que je puisse concrétiser n’importe où, même à l’étranger. Le désir d’écrire est alors apparu. Je suis arrivée à Dubaï, notre deuxième destination en tant qu’expatriés, avec les 70 premières pages de mon premier roman. J’ai écrit les 200 restantes au Starbuck de mon quartier. J’y allais tous les matins, assise à la même table, dégustant pendant mes 4 heures d’écriture un Mocha Frappuchino.
Longtemps tu as vécu à Dubai, c’est comment la vie là bas avec des enfants ? Le retour en France a été vécu comment par eux ? Dubaï bénéficie d’une image un peu surfaite. On l’associe à Disneyland car tout est sorti de terre il y a une cinquantaine d’années. Pour ma famille, ce fut 5 ans de vie au Paradis. Je vous laisse imaginer : 365 jours de soleil et la plage à 100 mètres. Ma petite dernière est née là-bas. Les enfants ont adoré : école internationale où 120 nationalités différentes se côtoyaient sans discrimination. Je vous laisse imaginer l’ouverture d’esprit ! Et tout était facile sur place avec un grand sentiment de sécurité. Même en tant que femme, ce fut une période agréable. Une liberté totale… rien à voir avec les clichés qui peuvent circuler ! Le retour en France s’est bien passé car ce fut un choix de notre part de rentrer, et non une obligation. Une envie de changement et de construction professionnelle différente ! Pour les enfants, tout s’est bien passé aussi. Ils nous voyaient heureux, ils ont retrouvé leurs grands-parents et les cousins alors… Tout roule J
Tu écris des romans policiers. Comment t’es tu intéressée à cet univers ? Vous ne trouverez sur ma table de nuit que des thrillers psychologiques de Pierre Lemaitre, des romans noirs de Jean-Christophe Grangé ou bien des polars de Franck Thilliez et d’Olivier Norek… En tant que lectrice, je ne vibre que pour les intrigues policières. Écrire un roman policier a donc été une évidence. Mon style est peut-être un mélange de toutes mes lectures. Mon écriture me ressemble. Je vais à l’essentiel, je privilégie l’action et la psychologie de mes personnages et chaque chapitre se termine par une révélation qui donne envie au lecteur de tourner la page.
Comment on invente une histoire policière ? Tu pars de faits réels ? Tu inventes ? Pour moi, il est important que mes romans soient crédibles et réalistes. N’appartenant pas aux forces de l’ordre et n’exerçant pas dans le milieu judiciaire, je ne peux puiser mon inspiration dans ma vie professionnelle. Je nourris alors mon imaginaire en allant chercher l’information là où elle se trouve. Je suis abonnée à des podcasts, je lis la presse et je rencontre de nombreux policiers. Mi-mars, j’ai passé 48h en immersion à l’école de police de Nîmes où entre deux cours de tirs au 9mm, j’échangeais avec un négociateur du RAID, et des policiers de la Brigade des mineurs… Je m’inspire de faits réels et de témoignages, mais mes romans sont à 95 % de la fiction ! Ensuite, je mentirais si je disais qu’il n’y avait pas de ma vie personnelle dans mes romans. Non, je ne suis pas une « serial killeuse », mais de nombreux clins d’œil sont présents dans mes histoires : Des bars que j’ai fréquentés, des quartiers où j’ai vécu. Par exemple, Raphaël, le fils ainé d’Alexane, mon héroïne, est étudiant à l’ESSCA qui fut mon école de commerce… Mon premier roman se passe essentiellement dans le premier arrondissement de Paris, entre le parc des Tuileries, la place Vendôme… Mon quartier au moment où j’ai écrit la Fée noire… J’ai donné le prénom de mon héroïne Alexane à ma fille. Pour mon entourage, c’est parfois déroutant !
Bon et la question que tout le monde se pose : as tu déjà eu des envies de meurtres ? ;) Entre deux et trois fois par jour… comme vous, non ?
Comment fait-on pour écrire des choses assez sombres pour retourner ensuite à sa vie de famille ? Quand j’écris, je ne suis plus Pétronille, maman de trois enfants, mais je deviens mon héroïne Alexane qui arrive sur une scène de crime ou je me transforme en Pauline en pleine plaidoirie en Cour d’assises ! L’écriture est un vrai exutoire. Parfois, quand je suis en plein travail et que je dois m’arrêter pour aller chercher les enfants à l’école, je mets un peu de temps à décrocher. J’arrive un peu « stone » à l’école, la tête encore dans mon dernier chapitre ! Mais ensuite, je redeviens une maman « gâteau ». Je dissocie très bien les deux. Ensuite, j’avoue que je suis très « mère poule » avec toutes les horreurs que je découvre dans mes recherches !
Tes enfants comprennent ton métier ? Oui. « Maman écrit des livres ! ». Au départ, les maitresses pensaient que j’écrivais des histoires pour enfants et souhaitaient que je vienne en parler en classe. Je leur ai offert un exemplaire… Depuis je n’ai pas de nouvelles !
As-tu des rituels d’écriture particuliers ? J’adore écrire tôt le matin quand toute la maison dort encore. J’allume une petite lumière, mon ordinateur et mes doigts pianotent sur mon clavier. Seul le bruit des touches m’accompagne. Je n’écoute pas de musique, j’apprécie le silence pour écrire. Je suis très productive au réveil. Je peux écrire trois pages en une heure avant que le réveil de mes enfants ne sonne, et mettre cinq heures pour écrire une page l’après-midi ! Je ne peux écrire sans une tasse de café à côté de moi. C’est une addiction. Je n’arrive pas à éteindre mon téléphone portable, et me laisse souvent distraire par les notifications Facebook ! J’ai toujours avec moi un calepin où j’annote mes idées. Au départ, je m’applique à bien écrire, mais à la fin, tout est rayé, entouré… un vrai cahier de brouillon.
Parle-nous de ton dernier roman « Je pensais t’épargner ». Il s’agit de mon cinquième roman. Nous y retrouvons mes deux héroïnes de prédilection : Alexane Laroche, commandante à la brigade criminelle de Paris et Pauline Carel, une jeune avocate pénaliste aux dents longues. L’Histoire en quelques mots :
Une petite fille est retrouvée morte dans un coffre de voiture. Tout accuse le père, mais est-ce vraiment lui ? Alexane Laroche et toute son équipe vont donc l’arrêter, mais celle qui va défendre le suspect n’est autre que Pauline Carel qui ne lâche rien. Ces deux femmes vont laisser des plumes dans cette affaire.
C’est un roman qui me tient à cœur, car j’aborde des thèmes que je m’étais toujours interdite d’aborder jusqu’à maintenant. Je pensais t’épargner évoque la violence rencontrée sous toutes ses formes au sein d’une famille, aux apparences « normales ». En tant que maman, je me pensais incapable d’évoquer le meurtre d’un enfant dans un de mes polars. Certaines scènes m’ont été difficiles à écrire, mais elles étaient nécessaires pour donner corps aux souffrances de mes protagonistes. Je n’aime pas la violence gratuite. Mon roman reste avant tout un roman policer où nous suivons l’enquête en priorité. Il n’était pas question d’en faire une succession de chapitres glauques et plus noirs les uns que les autres. Mais on ne sort pas indemne de cette lecture !
À quand le prochain ? Il est déjà écrit ! Je suis en phase de correction pour l’instant. La sortie est prévue pour mars 2022.
Revenons à tes enfants, qu’est ce qui te rend le plus fier dans ton rôle de maman ? Quand je les vois bien dans leurs baskets, riants et ayant confiance en eux. Là, je me dis que j’ai bien bossé !
Que veux-tu transmettre à tes enfants ? Je veux qu’ils croient en leurs rêves et qu’ils ne renoncent pas !