L’interview du papa déconfiné : David Zaoui, écrivain

Il y a quelques semaines j’ai lu et adoré le tout nouveau deuxième roman de David Zaoui, Le Financier en chef.

Cet écrivain qui a l’art de faire rire tout en touchant des sujets forts comme la réussite, l’amour ou la parentalité, raconte dans ce roman l’histoire de Jackson Zerbib qui aurait voulu devenir Spielberg mais qui du se résoudre à trouver un “vrai” job. Il rédige donc un faux CV hilarant et se fait embaucher comme directeur financier dans un boite…sauf qu’il ne connait rien à la compta ! Il décide alors de séduire son boss et ses collègues en mijotant chaque jour des plats incroyables dans la cuisine du bureau. Je ne vous en dis pas plus mais c’est touchant, drôle et original. Un peu comme un bon Woody Allen !

C’est tout naturellement que j’ai voulu en savoir plus sur David, sa vie de famille, son confinement !

Nom : ZAOUI

Prénom : David

Âge : 43 ans

Situation de famille ? Papa

Prénom et âge de ton fils ? Raphaël, 11 mois

Métier ? Écrivain

Lieu de confinement ? Paris/Provence

Comment as-tu réagi à l’annonce du confinement ? Je me suis tout de suite dit que la terre nous envoie un message, qu’elle nous a cloitrés chez nous pour que nous comprenions sa peine.

Comment se sont passées tes journées de confiné? J’ai beaucoup regardé par la fenêtre, comme quand j’étais petit.

J’ai lu, écrit, j’ai cuisiné, pris de long bain, je me suis occupé de mon fils. Je suis devenu un pro du cube et de la comptine.

Le truc le plus inattendu que tu as fait durant le confinement ? En sortant du supermarché avec mes sacs de provisions, jamais je n’avais marché aussi lentement pour rejoindre ma voiture.

J’ai pris le temps, comme si je ne pourrais plus marcher dans la rue pendant un long moment. Chacun de mes pas était un plaisir délicieux. Ce fut une sensation étrange, totalement inattendue.

Qu’est-ce qui t’a manqué le plus ? Voir mes parents.

Déconfiné à 100 % ? Je respecte scrupuleusement les règles, je reste prudent, comme bien d’autres, j’espère.

Déconfit ? Le citron confit, j’aime bien, oui. Dans un tajine de poulet, c’est à tomber !

Le premier truc que tu as aimé faire après le déconfinement ? Marcher dans les vieux villages de Provence. Tout simplement. Marcher.

Ton deuxième roman, le financier en chef, vient de paraître. Fais-nous le pitch ! C’est l’histoire d’un rêve échoué. D’un type qui depuis le plus jeune âge veut devenir un grand cinéaste. N’ayant pas réussi, il doit impérativement trouver un « vrai » travail. Il va alors mentir sur son CV, se faire passer pour un super directeur financier, et réussir à se faire embaucher dans une start-up. Dans les bureaux où il officie, il va remarquer une cuisine digne des plus grands chefs. Pour masquer son incompétence, il va transformer son lieu de travail en restaurant étoilé. Et découvrir malgré lui qu’il est peut-être fait pour autre chose…

J’ai adoré, j’ai ri, j’ai trouvé ça original vraiment. Il paraît que c’est plus dur d’écrire pour faire rire que pleurer. Tu es d’accord ? Oui, je suis d’accord. La dramaturgie repose sur une mécanique spécifique. Imaginez une histoire comme ça : un petit garçon vient de perdre ses parents dans un accident d’avion, il se retrouve seul avec son nounours dans une famille peu accueillante, à l’école il est malmené, et tous les soirs, il pense à sa maman quand elle lui fredonnait de douces chansons pour qu’il s’endorme ; ce petit garçon décide de ne plus jamais quitter son lit…

Le décor est planté, on a déjà la gorge serrée.

Le rire, l’humour, repose en partie, sur une dynamique plus affûtée : l’imagination, le quiproquo et le rythme. J’ajoute que c’est en racontant des histoires sur un ton léger, que nous pouvons évoquer entre les lignes des choses bien plus profondes…

Le héros de ton livre, Jackson Zerbib c’est un peu toi ? Non, Jackson ne me ressemble pas, mais je l’aime. Il est touchant parce qu’il doit se débrouiller comme il peut, qu’il doit changer de route, que sa fragilité va évoluer en force dès lors qu’il va s’aventurer vers des terrains inconnus. Tous les personnages de mes romans existent, je m’en inspire. J’ai eu un ami qui depuis le plus jeune âge voulait devenir le nouveau Maurice Béjart. Il n’y est pas arrivé. Aujourd’hui, il a réussi, mais dans une tout autre branche : il vend des gaufres à Los Angeles. Il a pris 30 kilos. Il n’est pas forcément malheureux.

Le rôle des parents de Jackson est essentiel dans le livre. Sa mère juive a peur pour lui, son père le soutient dans ton ce qu’il entreprend. C’est quoi selon toi le rôle des parents ? Freud dit que les parents ne feront jamais assez bien. À trop en faire, ils causeront du tort, à ne pas assez : des manquements.

Les parents, je crois, doivent inculquer la confiance, et surtout la curiosité à leurs enfants – l’esprit de remise en question –, avec un esprit curieux et alerte, confiant et solide, on part déjà avec de bonnes bases. Comme je dis dans le roman : la profession instinctive d’une mère, c’est l’inquiétude.

Moi, je suis une mère juive.  

Que veux-tu transmettre à ton fils ? Un peu de tout ça. En tout cas, je vais faire un tout petit peu plus que mon mieux pour y parvenir, et si j’y arrive pas, je recommencerai.

As-tu réussi à lire durant le confinement ? À écrire ?Oui, j’ai beaucoup lu, j’ai écrit un nouveau roman aussi. L’inspiration du confiné ne m’a pas manqué !

Tes livres de chevet de toujours ? La bible, et le Cercle des menteurs de Jean-Claude Carrière.

Des projets ? Je suis un raconteur d’histoire, donc j’ai comme projet de faire vivre des histoires sous forme de roman ! J’ai aussi comme intention de m’améliorer dans le domaine du bricolage, mais je n’ai aucune certitude à ce sujet, et ma femme demeure très sceptique.

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