Quand on était petites ma soeur et moi, notre mère nous lisait l'histoire du pépin de babelicot.
Ce livre a marqué mon enfance et le babelicot est même devenu un mot courant dans notre vocabulaire, dans notre langage, celui qui n'appartient qu'aux familles, celui qu'on s'invente, celui qui nous fait sourire, celui qui nous parle et nous émeut.
Cette histoire de maman avalant un pépin de babelicot et devenant d'un seul coup toute petite et qui est ensuite prise en charge par ses deux enfants, m'a toujours amusée. Oh le beau fantasme de voir ses parents être des enfants ! Oh le rêve de voir sa maman être plus petite que soi ! Oh le pied que ce serait si les enfants jouaient à être les parents et les parents à être des enfants !
Longtemps nous l'avons lu, longtemps je savais que le babelicot existait bien quelque part et que donc j'allais pouvoir en donner subrepticement à ma maman pour qu'elle devienne une maman miniature.
On a rangé le livre et avec lui mes rêves de transformer ma mère en poupée.
Puis j'ai grandi et je suis devenue moi aussi la maman. J'ai toujours eu en tête ce livre, ce babelicot enfoui en moi comme une madeleine de Proust.
J'ai toujours pensé que je devais remettre la main dessus, le faire lire à mes enfants.
Et puis le temps a passé et comme des tonnes de choses qu'on se promet de faire, on oublie.
Et puis la semaine dernière, je l'ai commandé sur Internet.
Et puis j'ai attendu son arrivée comme une gosse qui trépigne le soir de noël.
Et puis, hier, le livre est arrivé. J'ai ouvert l'enveloppe et je l'ai pris ce livre dans mes mains. Et puis, à ce moment là, j'avais 5 ans. Vraiment 5 ans. Le voir, tourner ses pages, relire ses mots, admirer les dessins. Appeler ma mère et ma sœur pour leur dire. On a été bien heureuses toutes les 3 de retrouver ce livre.
Qu'il est doux de replonger en enfance ! Qu'il est fort le pouvoir des livres !
Je l'ai montré à mes enfants avec euphorie et vous savez quoi ? Je crois qu'ils ont bien aimé aussi…