Ce matin j'ai regardé avec tendresse mon petit dernier de 3 ans. Il passe sa vie sur la pointe de ses pieds encore épais comme le sont ceux des petits enfants.
Il tentait d'attraper une tétine placée trop haut pour lui et poussait de toutes ses forces sur ses mollets pour se grandir. Ses petits muscles se sont bombés, sa main s'est tendue vers le haut et a cherché en tâtonnant la tétine, objet de sa convoitise.
En même temps qu'il essayait de gagner 2,3 centimètres, il a jeté un regard perdu dans ma direction et a dit « mais poukoi je suis pas grand ? ».
Soudain je me suis souvenue de tous ces moments où j'ai été sur la pointe de pieds étant petite. Pour voir la dame derrière le guichet à la banque, pour apercevoir la visage de la boulangère derrière son comptoir, pour attraper une jolie feuille d'automne placée trop haut sur un arbuste, pour chiper les feutres que ma mère planquait bien haut afin d'éviter les dégâts sur les murs blancs du salon, pour me laver les dents sans avoir besoin d'un escabeau, pour distinguer la tête du monsieur à la Poste. Pour être grande quoi ! Pour voir la vie d'en haut !
Maintenant que je suis grande (enfin pas non plus de quoi défiler sur un podium, ne nous emballons pas), je n'ai qu'un rêve, demander à mon fils « mais pourquoi je n'ai plus besoin de dresser mes orteils pour me grandir ? ».
Les petits veulent être grands, les grands veulent être petits. Ainsi va la vie !